C’est juste – Rencontre #2 De la terre à l’assiette (Impacts Editions)

#RENCONTRE2, Arudy, La curieuse Librairie Troquet, vendredi 28 avril.

Il y a les échos aux questions qui résonnent dans la solitude de la nuit, des heures après qu’elles ont été posées. « Tes actions quotidiennes ont-elles changé depuis que tu as écrit le livre ? »

C’est comme si les chants béarnais, espagnols, chiliens, humains de l’après-rencontre coloraient d’une autre vibration ma réponse première.

J’aurais ajouté, alors, dans le petit théâtre de verdure qui jouxte la librairie de Marianne : la dissonance cognitive, cet écart entre ce que je crois au plus profond, et mes actes, m’est de plus de en plus difficile à gérer. Des morceaux d’angoisses naissent, aussi, qui ne me chaviraient pas la nuit il y a encore quelques semaines.

Le frémissement à l’idée de se dire que la question cruciale de l’eau sera ensanglantée. Elle l’est déjà. La colère au moment de réserver un billet de train à plus de 100 euros pour se rendre à Paris. Les 10 euros supplémentaires pour mettre le vélo dans un TGV. Les 5 euros dans l’Intercité. Mais pourquoi le billet ne coûte-t-il pas dix euros de moins PARCE QUE le voyageur et la voyageuse choisissent de prendre le train ?

JUSTESSE

Parfois, je me dis que je vais prendre l’avion, pour faire Pau-Paris, ou Bordeaux-Paris. Et puis non, ce n’est pas possible. Parce que cela ne sonne PAS JUSTE. Parfois, j’achète des cacahuètes et des chips au supermarché du coin. Taux de résilience alimentaire ? 0%. Bah ouais, il y a encore du chemin. Mais rien ne sert de culpabiliser : ce n’est pas le sentiment moteur de l’action et du changement.

La jouissance de se transporter par le corps l’est. Je l’ai encore davantage, depuis l’écriture du livre. Le vélo, de jour comme de nuit. Cela change l’appréhension du temps, de l’environnement, de soi et des autres. Cela permet aux pensées de s’échapper et de courir, aussi.

Je me déplace en vélo car c’est JUSTE pour moi de le faire ; cela crée des bribes de sens quand rien ne fait plus sens. Comme c’est JUSTE pour Antoine et Bianca de faire ce qu’ils font chaque jour.

Il est 6 heures du matin ce samedi, les mots se sont bousculés au creux de l’oreiller. Gueule de joie. J’ai ouvert la fenêtre et les mots sont venus, chantés par le pétillement des oiseaux, exaltés par les sourires et les interactions de la rencontre. Arotzenia est à Urrugne. L’auberge associative d’Antoine et de Bianca est fermée le vendredi soir. Elle était comme ouverte, à 150 kilomètres de là, chez Marianne à Arudy. L’assiette est un messager.

Je crois qu’il y avait de l’émotion, tout au fond, de voir cet intérêt pour tous ces mois de travail autour de la question alimentaire, de l’expérimentation et de l’autre possible que proposent Antoine et Bianca. Et la joie profonde de constater que oui, le récit et le journalisme littéraire a un impact ; aussi minime soit-il. Que tous les doutes et les questions qui jaillissent peuvent se transformer en mise en mouvement, en action.

C’était comme une mise à nu, de parler à vous toutes et tous, la plupart des visages connus : nous avons passé des matins entiers, et des soirées entières, à se désespérer du monde, et à espérer le monde.

J’étais à domicile, chez Marianne mais je me suis demandé où j’habite, réellement. A la montagne ? A la vallée ? A la campagne, là-bas tout au Nord, du côté de Sainte-Soline, dont la violence m’a saisi aux entrailles sans que je ne le comprenne vraiment sur le coup, à pas même 20 kilomètres de là où j’ai grandi ? Appartient-on à un territoire ? A des territoires ?J’ai du mal à réaliser cette alchimie qui s’est opérée hier soir.

Faire corps

Nous avons fait corps, me semble-t-il. Nos voies ont suggéré, presque d’une seule bouche : et si on ne lançait pas une action pour inscrire la notion de risque d’approvisionnement alimentaire dans le plan de sauvegarde communal, comme à Biriatou ? Et si on ne participait en masse aux réunions publiques SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) ? Pas grand monde n’avait entendu parler du document d’urbanisme qui fixe les grandes orientations stratégiques de la Vallée d’Ossau pour les vingt prochaines années. Et si nous investissions l’espace public ?Allez, il est temps de se rendre à la Librairie Le 5ème Art à Saint-Jean-de-Luz.

Rencontre à 17 heures, ce samedi 29 avril (la troisième au total après le Club de la Presse de Bordeaux – Nouvelle-Aquitaine jeudi 28), aux côtés d’Antoine et Bianca.

J’ai envie de dormir, je me dis qu’il serait plus aisé d’appuyer sur la pédale d’accélérateur du van. Et puis j’ai pensé à Antoine : comment fait-il, le matin, quand son corps meurtri lui intime de rester au lit ? Il va au marché, comme tous les mardis et les vendredis. Ce sont les tripes qui parlent : c’est JUSTE.

Hier soir, il y avait une soixantaine de personnes et des centaines d’action individuelles JUSTES. La fatigue cède devant l’allègement et la libération que produisent l’écriture ; devant les jambes et le cerveau dopés à l’ivresse et aux rires de nos échanges humains. En vélo donc, Simone. Un immense merci à Kristian, Mattias, Eléonore et Maude de l’équipe de L’Étable d’Ossau pour leur participation (permise par l’initiative Pépites en stock des Librairies Indépendantes en Nouvelle-Aquitaine) et leur délicieux petit tapas, dont les valeurs de la fourche à la fourchette sont similaires à celles de Bianca et d’Antoine.

Un immense merci à Marianne, de la Librairie la Curieuse Troquet, pour la soirée et pour son action quotidienne, ou comment remettre de la vie et de la joie dans un village par les livres, l’enthousiasme et les rencontres.

Un immense merci à Sarah, Jean-Pierre, Adeline, Maxime, Allison, Pierre, Clément, Françoise, Jean-Bernard, Fred, Emma, Christine, Sébastien, Norbert, Nicolas, Anaelle, Thomas, Nathalie, Vincent, ça y est j’ai déjà oublié vos autres prénoms mais je me rappelle vos visages et vos sourires.

Merci à vous toutes et tous d’être venu(e)s si nombreux et nombreuses.

Calendrier et comptes rendus des rencontres passées et à venir :

Jeudi 28 avril : Club de la Presse de Bordeaux (33) – carnet compte rendu #1

Vendredi 29 avril : Librairie La Curieuse, Arudy (64) – carnet compte rendu #2

Samedi 30 avril : Librairie le 5e art, Saint-Jean-de-Luz (64) – carnet compte rendu #3

Jeudi 11 mai : Librairie café Menta, Ossès (64) – carnet compte rendu #4

Dimanche 15 mai : Festival Livre Sans Frontière à Oloron Sainte-Marie (64) – carnet compte rendu #5 

Vendredi 19 mai : apéro littéraire Librairie La Rêverie Aire-sur-l’Adour (64)  – carnet compte rendu #6 

Mercredi 24 mai : Librairie L’Escampette, Pau (64) – carnet compte rendu #7

Jeudi 1er juin : Librairie Tandem, Mauléon (64) –  carnet compte rendu #8

Vendredi 16 juin : Amap Bernadets (64) – carnet compte rendu #9

Samedi 17 juin : Festival Le réveil des carottes, Oloron Sainte-Marie (64)

Jeudi 22 juin : chez le producteur Pietometi, Ogeu-les-Bains (avec la librairie La Curieuse, Arudy) (64)

Samedi 24 juin : Librairie La Grande Illusion, Hendaye (64) 

Jeudi 29 juin : Cafe Au Pais, avec la librairie Chez Gustave, Morlaàs (64)

Dimanche 2 juillet, 13h30 : Festival AgiTaterre, Lahage (31)

Samedi 16 juillet, 17 h : Festival international de Journalisme, Couthures-sur-Garonne (33)

Mercredi 13 septembre : Cueillette de l’Aragnon, Montardon (64)

Jeudi 14 septembre : Librairie-boutique Chez Margot, Cambo-les-Bains (64)

Samedi 16 septembre : Espace Culturel Leclerc, Niort (79)

Lundi 18 septembre : Gaztetxe (maison des jeunes), Ascain (64)

Vendredi 22 septembre, 19 heures : Librairie Page et Plumes, Limoges (87)

Vendredi 13 octobre, 18 heures : Librairie Georges, Talence (33)

Vendredi 27 octobre : La coulée douce, MJC Berlioz, Pau (64)

Samedi 28 octobre : La chouette qui lit, Marciac (32)

Jeudi 2 novembre, 19 heures : Café Climat à Aquiu, Pau (64)

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