#RENCONTRE9, Amap Bernadets et Morlàas, à Bernadets (64), vendredi 16 juin.
Odette s’est installée il y a 45 ans avec son mari dans ce petit village du Nord-Béarn d’environ 500 habitants qui jouxte Morlaàs. Il n’y a presque pas de panneau pour l’annoncer ; il n’y a pas de commerce. Mais il y avait une école. Il y a trois classes, aujourd’hui, qui attirent des jeunes couples des villages alentours. Ici, on est « rurbains ». En pleine campagne, à la lisière de Pau.
Il y a des décennies, Odette et son mari ont fait du porte à porte dans les maisons, pour recueillir des bouteilles en verre. Les gens étaient stupéfaits. « Ils croyaient qu’on faisait de l’argent dessus ! »
Odette et son mari participent au tri sélectif. « Nous avons une super déchetterie à Morlaàs ! »
Sourire et énergie juvéniles. Odette est enseignante retraitée. « Tout est possible ! A condition qu’on s’y mette et qu’on le veuille ».
L’AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) de Bernadets a été créé il y a une quinzaine d’années. Chaque mardi, les Amapiennes et Amapiens s’y retrouvent, enjoué(e)s. Une maman vient avec son fils. Il a une dizaine d’années. « Il a grandi avec l’AMAP. Il sait qu’un poisson, ce n’est pas carré » dit-elle, gestes à l’appui.
Sur une table, des Silence. « Une très chouette revue, créé en 1982, qui montrent toutes les initiatives positives ». Odette a photocopié un article sur ces professionnel(le)s qui se déplacent en vélo à Lyon, des plombiers aux corbillards.
Le bouche à oreille, le main à main ; nourrir les imaginaires, tisser les estomacs.
« L’énergie du cœur »
Repas partagé, sur des grandes tables. La lumière décline, à l’extérieure de la salle communale. Un tracteur passe. Il est 22 heures, des gens travaillent pour nous nourrir. Les gamins jouent au tennis, près de quelques serres. La municipalité n’allume pas la lumière la nuit.
Un grand salut de la main. Le vélo est une machine à liens. Qui turbine, aussi, entre Morlaàs et Pau. Car ça frôle, ça roule vite, sans bas-côté. Rémi (je crois que c’est Rémi ; mémoire sature) avait prévenu, qui fait la route tous les jours en deux-roues. « C’est un sacerdoce. J’ai l’impression d’être un martyre du changement ».
Puis le retour dans la montagne. Fraîcheur du début de nuit. Plénitude silencieuse et initiatives joyeuses antidotes à la fatigue. « L’énergie du cœur », dit Agnès, qui a permis la rencontre.
Deux jours après, un mail. « Je suis en train de découvrir ce livre “Les Tisserands”, d’Abdennour Bidar. J’ai fait le lien avec toi, avec Antoine et Bianca ».
Marie-Laure a recopié ce passage.
« Face à la morosité ambiante, les Tisserands ont décidé d’agir. Partout, chacun à son échelle, chacun avec son réseau, ils ont répondu à l’urgence cruciale de recréer toutes les liens nourriciers de la vie humaine, notamment trois : le lien à soi, avec notre moi profond, le lien de fraternité et de coopération avec les autres, le lien d’émerveillement et de méditation à la nature. Au cœur même de notre époque désenchantée, ils préparent ainsi le ré-enchantement. Car leur tissage patient, souvent modeste, toujours vital, propose enfin quelque chose comme le projet de civilisation que nous attendons tous. En effet, ce qu’ils font n’est pas seulement neuf mais très puissant, très universel, parce qu’il répond au besoin de sens et à un humanisme partageable et sans frontières qui est au cœur de notre époque. Mais ces Tisserands ont-ils conscience de leur force, de leur nombre, et de l’ampleur de la grande réparation du monde humain qu’ils ont commencé silencieusement d’initier ? Pour l’heure non : ils sont trop séparés les uns des autres, ils agissent sur trop de plans – spirituel, social, écologique – pour qu’il leur ait déjà été possible de se rencontrer, de se reconnaître et d’unir leurs forces en synergie décisive. »
Ces lignes, résonance.
Métier à hisser.
A lire :
Quotidien politique, Féminisme, écologie, subsistance, Geneviève Pruvost, La Découverte.
Les Tisserands, Abdennour Bidar, Les liens qui libèrent.
Calendrier et comptes rendus des rencontres passées et à venir :
Jeudi 28 avril : Club de la Presse de Bordeaux (33) – carnet compte rendu #1
Vendredi 29 avril : Librairie La Curieuse, Arudy (64) – carnet compte rendu #2
Samedi 30 avril : Librairie le 5e art, Saint-Jean-de-Luz (64) – carnet compte rendu #3
Jeudi 11 mai : Librairie café Menta, Ossès (64) – carnet compte rendu #4
Dimanche 15 mai : Festival Livre Sans Frontière à Oloron Sainte-Marie (64) – carnet compte rendu #5
Vendredi 19 mai : apéro littéraire Librairie La Rêverie Aire-sur-l’Adour (64) – carnet compte rendu #6
Mercredi 24 mai : Librairie L’Escampette, Pau (64) – carnet compte rendu #7
Jeudi 1er juin : Librairie Tandem, Mauléon (64) – carnet compte rendu #8
Vendredi 16 juin : Amap Bernadets (64) – carnet compte rendu #9
Samedi 17 juin : Festival Le réveil des carottes, Oloron Sainte-Marie (64) – carnet compte rendu #10
Jeudi 22 juin : chez le producteur Pietometi, Ogeu-les-Bains (avec la librairie La Curieuse, Arudy) (64)
Samedi 24 juin : Librairie La Grande Illusion, Hendaye (64) – carnet compte rendu #12
Jeudi 29 juin : Cafe Au Pais, avec la librairie Chez Gustave, Morlaàs (64)
Dimanche 2 juillet, 13h30 : Festival AgiTaterre, Lahage (31)
Samedi 16 juillet, 17 h : Festival international de Journalisme, Couthures-sur-Garonne (33)
Dimanche 10 septembre : Salon “bal(l)ade littéraire”, Lons (64)
Mardi 12 septembre : CCFD Terre Solidaire, Pau (64)
Mercredi 13 septembre : Cueillette de l’Aragnon, Montardon (64)
Jeudi 14 septembre : Librairie-boutique Chez Margot, Cambo-les-Bains (64)
Samedi 16 septembre : Espace Culturel Leclerc, Niort (79)
Lundi 18 septembre : Gaztetxe (maison des jeunes), Ascain (64)
Vendredi 22 septembre, 19 heures : Librairie Page et Plumes, Limoges (87)
Vendredi 13 octobre, 18 heures : Librairie Georges, Talence (33)
Vendredi 27 octobre : La coulée douce, MJC Berlioz, Pau (64)
Samedi 28 octobre : La chouette qui lit, Marciac (32)
Jeudi 2 novembre, 19 heures : Café Climat à Aquiu, Pau (64)