CARNETS DE RENCONTRE #21, jeudi 28 septembre, Librairie-Boutique Chez Margot, Cambo-les-Bains (64)
Bruno est maraîcher dans le Pays Basque intérieur, à Ixtassou.
« Je vends mes tomates à 3,50 euros. C’est déjà cher mais pour que je sois vraiment rentable, il faudrait que je les vende à 7 euros le kilo ».
Il ne vend pas à perte ses tomates, mais il ne gagne pas d’argent. Il applique une marge supérieure sur d’autres légumes.
Voilà. On en est là. Quel est le prix juste à payer pour ses légumes, ses fruits ? Quel est le juste prix d’une assiette, qu’Antoine et Bianca interrogent dans le bouquin ? Comment s’affranchir du système dans lequel on évolue ? Comment être pleinement libre ?
« On est intégré au système de productivité », poursuit Bruno.
La ferme n’est « réduite qu’à ça ».
La productivité. La rentabilité.
Il aimerait, comme beaucoup d’autres, qu’elle soit appréhendée et arrimée à autre une autre philosophie, celle de la ferme vue comme un lieu de vie. Une structure sociale.
Il accueille des jeunes stagiaires sur son exploitation. Ils et elles veulent différemment.
« J’essaie de ne pas casser leur élan ».
L’élan de faire autrement.
Bruno raconte que lui-même combat parfois dans son intérieur cette doctrine de rentabilité et de profitabilité.
Les orties. Les ronces. Les champs sont « sales ». Pléthore de paysans ont incorporé cet état.
Quelques semaines plus tard, j’apprendrais lors d’une autre rencontre à Marciac que les ronces sont l’un des rares végétaux qui fleurit longtemps en été, au moment où il n’y a plus de floraison dans le paysage. « C’est une solution, et l’une des seules compensations de ressource pour les abeilles, alors », expliquera Yves Darricau, auteur de Planter des arbres pour les abeilles – L’api-foresterie de demain.
Et si les champs sont sales, ils doivent être nettoyés. Propres.
Karl Polanyi, cité dans le livre Reprendre la terre aux machines (Seuil) dit que nous devons réencastrer l’économie agricole dans du social, du culturel, du politique. Il nous faut la socialiser.
Et décastrer, désancrer – et désencrer – des concepts imprimés dans notre corps.
On ne veut pas voir le sale. On ne voit que le propre.
Parfois, on ne veut plus voir du tout.
Les prix. Les villages. Cela m’a percuté, sur la route, en vélo pour rejoindre Cambo-les-Bains depuis les vallées du Béarn.
A la sortie d’Oloron-Sainte-Marie, un rond-point. Sur la gauche, la D 836. Orin, Géronce, Geüs-d’Oloron, puis Gurs, Sus. Une petite route. Des noms. Des maisons. Quelques cafés. Un hôtel. Des imaginaires et des gens.
Mais qui l’emprunte ? Car à la sortie d’Oloron-Sainte-Marie, la première sortie du même rond-point trace une grande ligne droite. La D 936. Beaucoup de voitures et beaucoup camions. Quelques arbres.
Aller plus vite, toujours plus vite.
C’est d’ailleurs ce que promeuvent les militants de la déviation à Oloron-Sainte-Marie, 92 millions d’euros épandus pour gagner des petites minutes de transport routier ; une déviation contre laquelle se mobilisent de nombreux citoyens et citoyennes, notamment réunis dans le collectif Les Pyrénées Re-belles. Pour qui ? Pour quoi ? Pour quel sens ?
La même idéologie aveugle enferme et structure le projet d’autoroute A89, entre Toulouse et Castres, projet « écocidaire et injuste » que résume et déconstruit l’économiste Geneviève Azam dans une belle interview à Ballast.
Toujours dans le livre collectif de l’Atelier Paysan, Reprendre la terre aux machines, qui questionne la course à l’escalade technologique dans les fermes, le tracteur toujours plus gros, toujours plus connecté, bientôt le tracteur sans paysan et sans bétail.
« L’outil ne devient qu’un enjeu politique que quand on se demande :
qui le fabrique ?
Qui l’utilise ? Quelle conséquence a cette production, ou cette utilisation, sur la vie des uns et des autres,
sur leur liberté,
sur leur milieu de vie ?
Si tout le monde ne peut pas fabriquer cet outil, ceux qui le produisent en tirent-ils un bénéfice symbolique ou matériel particulier ?
Si tout le monde ne peut pas l’utiliser, ceux qui le peuvent disposent-ils d’un savoir
ou d’une richesse supérieure ?
Y a-t-il un monopole ou un cumul de pouvoir lié à sa production ou à son usage ? »
Cette question du sens, valable dans tous les champs de la vie.
Lutte avec soi-même. Lutte collective.
Reconnexion avec soi-même. Reconnexion avec les autres.
Ainsi des vertus des aliments. Une personne, dans la librairie Chez Margot : « Avant, les gens connaissaient les vertus des aliments qu’ils mangeaient et qui les nourrissaient »
Elle est diététicienne. Elle cherche, dans son travail quotidien, à soigner « les malades de la malbouffe ».
Malades de la malbouffe.
Calendrier des rencontres passées et à venir, De la terre à l’assiette – réponses aux menaces sur la sécurité alimentaire (Impacts Editions).
Jeudi 28 avril, 18 h : Club de la Presse de Bordeaux – carnet compte rendu #1
Vendredi 29 avril, 18h30 : Librairie La Curieuse, Arudy – carnet compte rendu #2
Samedi 30 avril, 17 heures : Librairie le 5e art à Saint-Jean-de-Luz, avec Antoine et Bianca d’Arotzenia – carnet compte rendu #3
Jeudi 11 mai, 19 heures : Librairie Café Menta, Ossès, rencontre croisée avec Noémie Calais, Plutôt nourrir – carnet compte rendu #4
Dimanche 14 mai , 16h30 : Festival Livre Sans Frontière à Oloron Sainte-Marie, en partenariat avec la librairie L’Escapade – carnet compte rendu #5
Vendredi 19 mai, 19 heures : apéro littéraire Librairie La Rêverie Aire-sur-l’Adour – carnet compte rendu #6
Mercredi 24 mai, 18h30 : Librairie L’Escampette, Pau – carnet compte rendu #7
Jeudi 1er juin, 19 heures : Librairie Tandem, Mauléon-Licharre, avec Beñat et Mikel Negueloua – carnet compte rendu #8
Vendredi 16 juin, 19 heures : Amap Bernadets (64) – carnet compte rendu #9
Samedi 17 juin , 16 heures : Le réveil des carottes, Oloron-Sainte-Marie (64) – carnet compte rendu #10
Jeudi 22 juin, 19 heures : chez le producteur Pietometi, Ogeu-les-Bains (en partenariat avec La curieuse Librairie Troquet, Arudy (64) – carnet compte rendu #11
Samedi 24 juin, 11 heures : Librairie La Grande illusion, au coeur du marché, Hendaye (64) – carnet compte rendu #12
Jeudi 29 juin, 19 heures : Librairie Chez Gustave, Morlaàs (64) – carnet compte rendu #10
Dimanche 2 juillet : Festival AgitaTerre, Lahage (31) – carnet compte rendu #10
Dimanche 2 juillet : Festival AgiTaterre, Lahage (31) – carnet compte rendu #14
Samedi 15 juillet : Festival international de Journalisme, Couthures-sur-Garonne (33) – compte rendu à venir
Dimanche 3 septembre, 16 heures: Fête du jardin – verger, Conservatoire des Légumes Anciens du Béarn (Assat) – carnet compte rendu #16
Dimanche 10 septembre : Salon Balade Littéraire, Lons (64) – carnet compte rendu #17
Samedi 16 septembre : Le rendez-vous politique de l’ Alliance des tables libres et vivantes, Gennevilliers, Paris – carnet compte rendu #18
Lundi 18 septembre : Kilika Gaztetxea (maison des jeunes), Ascain (64) – carnet compte rendu #19
Vendredi 22 septembre, 19 heures : Librairie Page et Plume, Limoges (87) – carnet compte rendu #20
Jeudi 28 septembre, 19 h : Librairie-Boutique Chez Margot, Cambo-les-Bains (64) – carnet compte rendu #21
Mercredi 4 octobre, 17 h : Association Le Petit Grain, Yakafaucon, Bordeaux (33)
Jeudi 5 octobre, 20 h 30 : Echiré (79), avec la libraire des Halles, Niort (79)
Samedi 7 octobre, 9 h 30 – 11 h : université d’été de La Gauche Républicaine, Rochefort (17)
Vendredi 13 octobre, 9h30 – 11 h : rencontre national du réseau CIVAM, Saint-Etienne de Baigorri (64)
Vendredi 13 octobre, 18 heures : Librairie Georges, Talence (33)
Jeudi 19 octobre, 19h : Librairie les mots du zèbre, Eysines (33)
Vendredi 20 octobre, 18 h : restaurant Chat noir cha vert, place Saint-Michel, Bordeaux (33)
Dimanche 22 octobre, 12 h – 13 h 30 (puis repas) : Auberge Arotzenia, Urrugne (64)
Vendredi 27 octobre : La coulée douce, MJC Berlioz, Pau (64)
Samedi 28 octobre : Eco-lieu Vers L’épi, avec la librairie La chouette qui lit, Marciac (32)
Jeudi 2 novembre, 19 heures : Café Climat à Aquiu, Pau (64)
Vendredi 16 et samedi 17 novembre : Festival du Livre Gourmand, Périgueux (24)
Jeudi 23 novembre : Moment librairie, Salies-de-Béarn (64)
Samedi 25 novembre : Festisol, Emmaüs, Pau (64)
Samedi 2 décembre : Festisol Niort (79) – à confirmer
Mercredi 6 décembre : université catholique de l’Ouest, Niort (79)
Samedi 9 décembre : Espace Culturel Niort (79)